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Les influenceurs peuvent-ils revendiquer le droit à la vie privée ?

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L’article 9 du Code civil prévoit que « Chacun a droit au respect de sa vie privée ».

La vie privée est la sphère d’intimité de la personne. Elle se définit par opposition à la vie publique. Cette sphère a vocation à rester à l’abri des regards d’autrui. Le droit au respect de la vie privée est protégé au titre des droits de la personnalité.

Le sujet qui implique le respect de la vie privée des influenceurs n’est pas anodin car la célébrité réduit la sphère de la vie privée et la protection de la vie privée parait compliquée lorsqu’on jouit d’une forte notoriété.

Un influenceur est un individu qui a pour habitude d’exprimer un point de vue et de donner des conseils dans un ou plusieurs domaines à destination de son audience.

Très souvent, les influenceurs investissent leur temps afin de publier du contenu pour leurs abonnés. Cependant, il arrive parfois que les influenceurs ne puissent pas avoir une vie privée comme le commun des mortels à cause d’une relation para sociale existant entre eux et leurs abonnés.

L’actualité nous montre que la youtubeuse Léna situations a souhaité préserver sa vie sentimentale à l’abri de tous les regards. Cela s’explique par la rupture sentimentale qu’elle a dû vivre à l’exposition de sa communauté qui semblait avoir mis en lumière « la tromperie » son ancien petit ami.

Afin de ne pas reproduire cette expérience, Léna Mahfouf a décidé de préserver sa vie sentimentale des réseaux sociaux. Toutefois, elle a soutenu qu’elle a été contrainte de révéler l’identité de son petit ami à cause d’une chaine YouTube spécialisée dans les « gossip ».

S’il n’existe pas de définition formelle de la vie privée, le nombre d’instruments internationaux y faisant référence et l’abondance de la jurisprudence suffit à l’élever au rang de droit fondamental.

Nous sommes face à une problématique juridique de droit privé impliquant le secteur numérique dans lequel nous trouvons les réseaux sociaux.

La commission nationale consultative des droits de l’Homme a rendu un avis le 22 Mai 2018 portant sur la menace que fait peser le numérique sur le respect de la vie privée. Elle recherche ensuite les moyens les plus adaptés pour renforcer l’effectivité des garanties à la vie privée.

Si l’article 9 réprime la violation du respect de la vie privée sur internet, le Code pénal prévoit une série de dispositions spéciales relatives aux atteintes à la vie privée.

Ce qui implique notamment la protection contre toute atteinte portée au droit de mener sa propre existence sans porter atteinte à son nom, son image, sa voix, son intimité, sa réputation, sa biographie, son état de santé, sa vie sentimentale, sa pratique religieuse, ses options politiques, sa vie familiale et tout ce qui concerne sa sphère intime et personelle.

Durant l’été 2021, une controverse s’est soulevée au sujet de la situation financière au commencement des études supérieures de la youtubeuse Léna situations.

Les utilisateurs du réseau social Twitter ont évoqué le fait qu’il y aurait un manque de transparence de celle-ci sur sa situation financière.

Cependant, on peut également considérer qu’en l’espèce nous sommes face à une frontière mince entre la vie privée protégée par le droit et le mode de vie exposé sur les réseaux sociaux.

Cet aspect apparait intéressant dans la mesure où il y a une relation de confiance entre l’influenceur et ses abonnés qui assure aux marques une crédibilité du message délivré et l’accès à une cible spécifique.

Une autre interrogation a été soulevée par la twittosphère au sujet de ladite influenceuse  » qui ne parait pas porter au quotidien les vêtements et les accessoires de la collection provenant de la marque Jennyfer » avec qui elle a collaboré pour le proposer à sa communauté par un contrat à titre commercial.

In fine, nous sommes face à des influenceurs qui génèrent des revenus en mettant à disposition de leur communauté une partie de leur vie.

Mais cela ne signifie pas qu’ils renoncent au droit du respect à la vie privée car ils sont et resteront des personnes physiques titulaires de droits subjectifs dont le droit au respect à la vie privée.

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